Ils sont coincés dans leur chambre, au bureau, dans leur voiture, au commissariat ou dans le cerveau d’un autre. Leur point commun : tous sont contaminés par le virus… de la comédie !
L’AUBERGE ROUGE (Claude Autant-Lara, 1951)
Dans ce conte de Noël macabre inspiré de faits réels, un moine perdu dans la montagne (et interprété par Fernandel) trouve refuge dans une auberge Ardéchoise tenue par une famille d’assassins. « Dans l’escalier, c’est le marteau, dans la chambre, c’est le couteau ! ». Une comédie noire qui devrait décourager les éventuels citadins en manque de villégiature…
ALEXANDRE LE BIENHEUREUX (Yves Robert, 1967)
Seul dans son grand lit, le dos bien calé dans son oreiller, Alexandre/Philippe Noiret fait descendre un saucisson, puis une bouteille de rouge dont il remplit généreusement son verre : au plafond, tout un attirail de victuailles dont il tire les ficelles. Manger, boire et dormir… tout un programme appliqué depuis peu et « jusqu’à nouvel ordre » sur la quasi-totalité du globe.
SUR UN ARBRE PERCHÉ (Serge Kerber, 1971)
Après un virage mal engagé, Henri Roubier, promoteur français, atterrit avec sa voiture sur un pin parasol accroché à la paroi d’une falaise. Ce qui était censé être à l’origine un drame pour Annie Girardot et Yves Montand, devient un huis-clos en plein air porté par Louis de Funès. Et si l’acteur s’y montre moins agité qu’à l’accoutumée, il demeure, fort heureusement, tout aussi expressif dans cette comédie calée au point mort.
LE PÈRE NOËL EST UNE ORDURE ! (Jean-Marie Poiré, 1982)
Dans la foulée des Bronzés et de sa suite, le Splendid se motive à adapter au cinéma une autre de ses créations scéniques – parmi les plus fameuses : Le Père Noël est une ordure ! Josiane Balasko, absente de la pièce, est madame Musquin, laquelle passe la majeure partie de son temps… coincée dans l’ascenseur de l’immeuble ! Une (belle) idée qui permet aux auteurs de limiter les interactions avec les protagonistes phares, séquestrés pour leur part dans la permanence de SOS amitié. Minuterie !
CUISINE ET DÉPENDANCES (Philippe Muyl, 1993)
En marge d’un dîner entre amis, la cuisine d’un appartement devient le lieu de discussions de plus en plus envenimées dans la comédie à décor unique de Phillipe Muyl. Avec près de trente ans d’avance, ce jeu de massacre signé Jaoui-Bacri élude pourtant la question que se posent chaque jour plusieurs millions de Français depuis le début du confinement : « quand est-ce qu’on mange ? ».
LE DÎNER DE CONS (Francis Veber, 1998)
« C’est pas vrai ? C’est le con de ton dîner ? », s’esclaffe Juste Leblanc en prenant conscience de la situation dans laquelle se trouve son ex-meilleur ami, Pierre Brochant. Alors que celui-ci devait se rendre à une soirée, accompagné d’un « con », le voilà effectivement soudainement bloqué par un horrible tour de reins, chez lui… et en compagnie de sa future victime. Conséquence, ça fait peine à voir. On dirait un cheval qui a raté une haie. Sur un champ de course, même, on l’abattrait !
LA TOUR MONTPARNASSE INFERNALE (Charles Némès, 2001)
Panique à tous les étages ! Dans ce Piège de cristal volontiers absurde et régressif, deux laveurs de carreaux décérébrés (Éric Judor et Ramzy Bedia) déjouent une prise d’otage, reclus dans les hauteurs du célèbre édifice parisien. En passant, aviez-vous remarqué que le Coronavirus était remercié dans le générique de fin de sa suite La Tour 2 contrôle infernale (2016) ?
LA PERSONNE AUX DEUX PERSONNES (Bruno Lavaine et Nicolas Charlet, 2002)
Victime d’un accident de la route, Gilles Gabriel, chanteur has been des années 80, meurt, mais son esprit parvient à se réfugier hasardeusement dans le corps de Jean-Christian Ranu, un comptable sans envergure de la COGIP. Ensemble, les deux hommes vont devoir apprendre à vivre… autrement. Difficile d’imaginer pire confinement !
ENVOYÉS TRÈS SPÉCIAUX (Frédéric Auburtin, 2009)
Plusieurs millions d’auditeurs suivent quotidiennement les comptes rendus de Frank Bonneville, célèbre journaliste de la station de radio R2i, évoquant un terrible conflit en Irak. Sauf que le reporter, censé être sur place, se planque en réalité dans un hammam… à Barbès, suite à une gaffe commise par son boulet d’ingé son, Poussin. Tssss… Même le stagiaire de BFM n’aurait pas été aussi nul !
AU POSTE ! (Quentin Dupieux, 2018)
Bien entendu, la perspective d’une nuit de garde à vue au poste de police ne constitue pas un idéal de l’enfermement. Mais quand celle-ci a lieu en compagnie du lunaire commissaire Buron (Benoît Poelvoorde), les enquêtes virent au chaos, King Kong devient un classique du cinéma chinois et les équerres deviennent des armes létales. Pour éviter la pandémie de l’absurde, restez chez vous !
par Gilles Botineau et Christophe Geudin