Après deux biographies consacrées à Aldo Maccione et Christian Clavier (Aldo Maccione, la classe ! et Christian Clavier, Splendid carrière !), Gilles Botineau propose un livre d’entretiens avec Philippe Clair.
À travers près de 250 pages agrémentées de nombreuses photos et affiches, Authentique mais vrai ! aborde, chapitre après chapitre, toute la filmographie du réalisateur, composée de l’intégralité de ses seize longs-métrages. Décédé le 28 novembre 2020, Philippe Clair, dont l’autobiographie Quel métier étrange ! était parue en 2014, revient sur la genèse de ses films, ses succès comme ses échecs. Une carrière cinématographique entièrement dédiée à la comédie, qui s’étale de 1964, avec Des cliques et des claques où il dirige entre autres Annie Girardot, à 1989, et sa dernière mise en scène avec son acteur « fétiche » Aldo Maccione, L’Aventure extraordinaire d’un papa peu ordinaire.
Armé de sa modestie légendaire, Philippe Clair en profite bien souvent pour régler ses comptes, entre autres, avec le producteur Michel Ardan, les réalisateurs Claude Zidi, Max Pécas, Michel Gérard et Christian Gion, et les acteurs Jean Lefebvre, Pierre Richard, Michel Leeb, Richard Anconina ou Aldo Maccione. Sans oublier les Charlots et le tournage tumultueux de La Grande java (1970), qui sera au final son plus grand succès. À l’opposé, une belle amitié naîtra entre Philippe Clair et Francis Blanche, qui le retrouvera d’ailleurs l’année suivante pour La Grande maffia. Après sa période « Grande », place à la période « Folie » ! Le cinéaste embarquera, pour la suite de ses folies cartoonesques, Sim, Patrick Topaloff, l’immense Michel Galabru, ou encore Alice Sapritch, qui trouva en lui son « Fellini burlesque ».
L’ouvrage nous apporte aussi des révélations toutes plus étonnantes les unes que les autres : Fernandel qui faillit faire La Grande java s’il avait lu un scénario en bonne et due forme ; Billy Wilder qui sembla pendant un temps très intéressé par La Grande maffia ; Claude Melki qui fut doublé vocalement par l’accent pied-noir du réalisateur dans Le Grand fanfaron ou encore Francis Veber qui avait été scotché par le sujet du Führer en folie, le film le plus « barré » du réalisateur. Celui-ci, en toute humilité, avait même eu pour ambition d’offrir le rôle-titre à… Louis de Funès ! Que de regrets…
Cet entretien croisé revient également sur le passage de Philippe Clair par le comique troupier avec son diptyque des « Réformés », ainsi que sa fructueuse collaboration pour cinq films avec l’acteur Italien Aldo Maccione (malgré une entente orageuse entre les deux hommes), dont on retiendra surtout les deux énormes succès que furent Tais-toi quand tu parles (1981) et Plus beau que moi, tu meurs (1982). En 1984, le réalisateur s’offrira même le luxe de faire tourner le génial Jerry Lewis dans Par où t’es rentré… on t’a pas vu sortir, un des grands classiques du cinéma comique d’après Yann Moix !
En procès depuis trente ans avec son producteur Tarak Ben Ammar, en conflit perpétuel depuis tant d’années avec Aldo Maccione qui, selon le réalisateur, « lui a foutu sa carrière en l’air », Philippe Clair aura tout vécu, du pire jusqu’au meilleur, des films achevés aux films avortés. Le livre Authentique mais vrai ! lui rend un hommage posthume, tout en confessions et sincérité.
de Philippe Clair avec Gilles Botineau
Christian Navarro Éditions
240 pages
Parution : 31 mars 2021
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par Emmanuel Gauguet