Après Tartes à la crème et coups de pied aux fesses (2012), Le Silence est d’or (2014), et Parole de comique paru cet été [lire notre article], Enrico Giacovelli, auteur, critique spécialiste de la comédie internationale, livre un tome définitif sur la comédie transalpine. Riche de 400 pages, Il était une fois la comédie à l’italienne propose la troisième mise à jour d’un panorama complet du genre. Sous-titrée L’histoire, les lieux, les auteurs, les acteurs, les films, cette étude en profondeur entamée en 1990 bénéficie également pour la première fois d’une traduction française.
Découpé en tranches chronologiques et thématiques du cinéma muet jusqu’au renouveau des années 1990 et 2000, l’ouvrage opère d’emblée une distinction avec la comédie traditionnelle en évoquant une dimension dramatique souvent marquée chez les maîtres du genre Dino Risi (Le Fanfaron, Une vie difficile), Ettore Scola (Affreux, sales et méchants, Nous nous sommes tant aimés) et Mario Monicelli (La Grande guerre, Mes chers amis). Ces trois réalisateurs phares dominent une sélection étourdissante d’un âge d’or circonscrit entre Le Pigeon (Mario Monicelli, 1958), film fondateur de la comédie à l’italienne, et sa conclusion amère avec La Terrasse d’Ettore Scola, en 1980.
Au détour d’une analyse décortiquant les phases successives du néoréalisme, de la comédie du boom, de la conjoncture et des années de plomb surgissent les visages familiers de Vittorio Gassman, Alberto Sordi, Nino Manfredi, Ugo Tognazzi, mais aussi ceux des moins célébrés Toto, Paolo Villagio, l’anti-héros de la méconnue série des Fantozzi, et de leurs homologues féminins Monica Vitti, Laura Antonelli et Stefania Sandrelli. Les incontournables (dont Pain et chocolat (1972) de Franco Brusati), les nombreux films à sketches des années 1960 (la fameuse série des Monstres) et de nombreuses raretés de choix (dont le dérangeant Un bourgeois tout petit tout petit (1977) de Mario Monicelli) sont aussi présents dans des pages illustrées de captures d’écran en noir et blanc. Une série d’annexes sur les lieux de la comédie (la plage, le stade, la télévision…) conclut un ouvrage à la densité impressionnante, mais également frustrante dans la mesure où la grande majorité des films cités est indisponible en dehors des frontières transalpines.
Afin d’approfondir les sujets traités dans le livre, l’éditeur met en ligne gratuitement ici plus d’une centaine de fiches dédiées aux principaux auteurs et acteurs emblématiques de la comédie à l’italienne.
Il était une fois la comédie à l’italienne
de Enrico Giacovelli
Éditions Gremese
416 pages
par Christophe Geudin