Christophe Bourseiller : son nom ne vous dit peut-être rien… Son visage, en revanche, vous évoquera sûrement des souvenirs.
Personnage gentiment atypique, quelque part entre nonchalance et doux romantisme, il a promené cette sympathique bonhomie sur une cinquantaine de films et téléfilms, dont certains cultes au possible. Sa carrière démarre d’ailleurs sur les chapeaux de roues grâce à Yves Robert qui lui offre le rôle du petit Gaston dans La Guerre des Boutons en 1962. Près de dix millions de spectateurs ! Bourseiller a alors cinq ans à peine.
Il retrouve le cinéaste quatorze printemps plus tard, en intégrant l’heureux casting du diptyque Un éléphant ça trompe énormément (1976) / Nous irons tous au Paradis (1977), aux côtés de Jean Rochefort, Claude Brasseur, Victor Lanoux et Guy Bedos. Bien que caractère secondaire, Christophe Bourseiller parvient malgré tout à se démarquer fortement en marge de ces ténors – et ainsi, entrer dans la légende – grâce à son interprétation, voire la sublimation d’UNE réplique face à Danièle Delorme sous la plume de Jean-Loup Dabadie.
Suivront Vas-y maman (1978) de Nicole de Buron, Courage fuyons (1979) toujours du binôme Yves Robert / Jean-Loup Dabadie, l’injustement méconnu Girls (1980) de Just Jaeckin, Clara et les chics types (1981) de Jacques Monnet, Le Cadeau (1982) de Michel Lang, Tout le monde peut se tromper (1983) de Jean Couturier, P.R.O.F.S (1985) de Patrick Schulmann, La Galette du Roi (1985) de Jean-Michel Ribes, Coup de jeune (1993) de Xavier Gélin, LOL (2008) de Lisa Azuelos ou encore L’Amour dure trois ans (2011) de Frédéric Beigbeder. Sans tout évoquer, Christophe Bourseiller s’attarde sur l’essentiel, et diverses anecdotes mettant en scène les rencontres clefs de son existence.
Précisons cependant que même si cet ouvrage n’est pas l’unique autobiographie de son parcours face caméra, l’auteur s’y raconte pleinement, tant d’un point de vue personnel que professionnel, et règle ouvertement ses comptes avec ceux qui le qualifient de touche-à-tout : « Comme s’il n’existait comiquement aucun lien entre l’acte d’écrire, l’art du comédien et la production d’émissions radiophoniques. Devrais-je me considérer comme l’équivalent d’un charcutier qui s’adonnerait à la plomberie tout en repeignant son appartement le week-end ? ».
Nous ne saurons donc que trop vous conseiller les mémoires de cet « inclassable », impossible à résumer. À une heure où tout est étiqueté, classifié, routinier, qu’il est plaisant de se perdre dans les souvenirs d’un homme aux mille et une vies !
Mémoires d’un inclassable
de Christophe Bourseiller
Éditions Albin Michel – 226 pages
Parution : 3 mai 2017
par Gilles Botineau