L’affaire a fait l’effet d’une bombe (sans mauvais jeux de mots) depuis quelques jours, mais la censure a définitivement marqué un point sur la création, celle d’un film comique que nous ne verrons pas tout de suite, à moins d’un retournement de situation soudain.
Nouvelle production du tandem Seth Rogen / Evan Goldberg, L’Interview qui tue ! conte l’histoire d’un animateur de talk-show (James Franco) et de son producteur (Seth Rogen), envoyés en Corée du Nord pour assassiner Kim Jong-Un, dépeint comme un dictateur outrancier et un peu bêta. Un pitch hautement polémique, et qui ne fait pas rire (mais alors pas du tout) la Corée du Nord.
Depuis quelques jours, des hackers se faisant appeler “The Guardians of Peace” (littéralement -et paradoxalement- “Les Gardiens de la Paix”) se sont attaqués à la firme Sony, de manière plus qu’agressive, et ont menacé aussi bien les créateurs du film, les distributeurs et les exploitants, que les spectateurs susceptibles d’aller voir le film. Les deux acteurs principaux ont été clairement visés par ces attaques, surtout Seth Rogen, à l’origine de ce projet fou, et qui cumule ici tous les postes : acteur, producteur, co-scénariste et co-réalisateur.
Devant le risque d’un attentat terroriste annoncé par le groupe de hackers, le studio Sony a finalement choisi de céder, et de ne pas sortir le film sur le territoire Américain (sa sortie étant programmée pour le 25 décembre). Mais ce choix des plus discutables (critiqué par le président Obama lui-même), sachant qu’aucun élément ne permet d’affirmer que la menace est bien réelle, semble s’appliquer à la planète entière, aussi bien sur les supports salles, que DVD et même VOD. La sortie française du film était prévue initialement pour le 11 février 2015.
La censure de L’Interview qui tue ! scandalise, en toute logique, le tout-Hollywood, de Judd Apatow à Joss Whedon, en passant par Steve Carell, James Gunn, Mia Farrow ou encore Stephen King. La liberté d’expression est bafouée, et les fans de comédie sont bien tristes.
Voici le message publié par Sony pour justifier cette décision :
« Une majorité de gérants de salles de cinéma préfèrent ne pas diffuser The Interview. Nous avons donc décidé de ne plus sortir le film le 25 décembre. Nous comprenons et respectons cette décision de nos partenaires, qui veulent assurer la sécurité de leurs employés et des spectateurs. Sony Pictures est victime d’une attaque sans précédent, qui vise directement nos employés, nos clients et plus globalement notre business. Ceux qui nous ont volé notre propriété intellectuelle, nos mails privés, ainsi que du matériel sensible cherchent à détruire notre réputation et notre morale – apparemment à cause d’un film qui ne leur a pas plu. Nous sommes vraiment désolés face à leur acharnement. En empêchant la distribution du film, ils veulent véritablement nuire à notre entreprise, à nos employés et au public américain. Nous nous rangeons aux côtés de nos réalisateurs, respectons leur droit d’expression et sommes extrêmement déçu par toute cette situation. »
Et voici la meilleure réponse à ce jour devant cette polémique :
par Emmanuel Gauguet