Hommage à Didier Kaminka, auteur discret mais essentiel

Hommage à Didier Kaminka, auteur discret mais essentiel

Didier Kaminka et Pierre Richard - © Maurice Berton« Pour Je sais rien mais je dirai tout, j’ai appelé Didier Kaminka, que je fréquentais à l’époque avec sa bande de copains, Luis Rego et Georges Beller. C’était ma bande dans la vie, elle l’est devenue dans le film. Didier Kaminka me paraissait le partenaire idéal pour écrire ce genre d’histoire. Lui et moi, on avait les mêmes objectifs : on fait rire d’abord, et si on peut égratigner en passant, ce n’est pas plus mal. J’aimais bien son côté déglingo. Il avait le sens du dialogue absurde, voire des situations. Même dans la vie. »

C’est avec ces mots que Pierre Richard évoque dans son autobiographie son ami Didier Kaminka, qui nous a quittés le 25 septembre, à l’âge de 81 ans.

Trop rarement cité dans la liste des grands scénaristes et dialoguistes français, Didier Kaminka a pourtant contribué à l’art de la comédie en prêtant sa plume aiguisée à des films aujourd’hui iconiques. Créateur discret et humble, ami de la première heure de CineComedies, il avait participé à la rétrospective « Les grands auteurs, scénaristes et dialoguistes de la comédie à la française » lors de la première édition du Festival en 2018, avant de revenir cinq ans plus tard échanger avec le public sur Les Rois du gag devant une salle comble.

Né le 22 avril 1943 à Paris, Didier Kaminka débute en tant que comédien à la fin des années 1960, notamment sous la direction de Gérard Pirès dans un court-métrage (La Fête des mères). Dès 1970, il coécrit un premier film en compagnie de Daniel Moosmann (également réalisateur) et Alain Morineau, d’après le roman de Georges Darien : Biribi.

Georges Beller, Didier Kaminka, Pierre Richard et Luis Rego dans Je sais rien mais je dirai tout (1973)En 1973, Pierre Richard fait appel à lui pour coécrire son troisième long-métrage, Je sais rien mais je dirai tout, dans lequel Kaminka tient également le rôle d’un « p’tit gars » aux côtés de Luis Rego et Georges Beller. Une réussite saluée par 1.485.350 spectateurs.

Les Sous-doués (Claude Zidi, 1980)
Les Ripoux (Claude Zidi, 1984)
Les Rois du gag (Claude Zidi, 1985)

Mais c’est surtout avec le cinéaste Claude Zidi que Didier Kaminka signe ses meilleurs faits d’armes. « Je l’ai connu sur un film où je faisais acteur, Poussez pas grand-père dans les cactus, avec Francis Blanche et en vedette féminine, Marielle Goitschel, la championne de ski », se souvenait Didier Kaminka au festival CineComedies, en 2018. « Le film était assez terrifiant, et Claude Zidi était à ce moment-là directeur de la photographie. Le metteur en scène était inexistant et quand je jouais, j’avais besoin d’un regard extérieur. Et je voyais Claude qui se marrait ou qui ne se marrait pas. Je suis allé le voir et lui ai dit : « Écoutez, il n’y a pas vraiment de metteur en scène. Alors dans cette séquence-là, j’aimerais faire ça de cette manière… ». C’est comme ça que j’ai connu Claude, et nous avons fait ensemble une douzaine de films impeccables. Parmi celles-ci figurent de grands classiques : Les Sous-doués (1980) Banzaï (1983), le tryptique des Ripoux (1984-2003), Les Rois du gag (1985), Association de malfaiteurs (1987), ou encore La Totale ! (1991) avec Thierry Lhermitte, Miou-Miou et Eddy Mitchell, qui deviendra True Lies sous l’égide de James Cameron avec Arnold Schwarzenegger et Jamie Lee Curtis.

Trop c’est trop (Didier Kaminka, 1975)
Tant qu’il y aura des femmes (Didier Kaminka, 1987)
Les Cigognes n’en font qu’à leur tête (Didier Kaminka, 1989)
Promotion canapé (Didier Kaminka, 1990)
À quoi tu penses-tu ? (Didier Kaminka, 1992)
Ma Femme me quitte (Didier Kaminka, 1996)

Parallèlement, Didier Kaminka élabore des scénarios pour François Leterrier, Christian Gion et, plus inattendu, pour Marco Ferreri (I Love You). En 1975, il passe derrière la caméra avec Trop c’est trop ! et réunit pour l’occasion une distribution aussi baroque qu’impressionnante : Chantal Goya, Darry Cowl, Pierre Richard, Marcel Dalio, Les Charlots, Jean Carmet, Bernard Menez et Daniel Prévost. Il poursuit avec cinq autres longs-métrages : Tant qu’il y aura des femmes (1987), Les Cigognes n’en font qu’à leur tête (1989), Promotion canapé (1990), À quoi tu penses-tu ? (1992) et Ma Femme me quitte (1996).

Nicole de Buron, Didier Kaminka, Anémone et Guy Marchand sur le tournage de Vas-y maman (1978)
Roland Giraud, Didier Kaminka et Fiona Gélin sur le tournage de Tant qu'il y aura des femmes (1987)

Outre le fait de jouer dans les films qu’il écrit et/ou réalise, Didier Kaminka apparaît aussi dans les œuvres de certains confrères, comme Nicole de Buron (Vas-y maman), Gérard Lauzier (T’empêche tout le monde de dormir), François Leterrier (Le Garde du corps), Gérard Jugnot (Pinot simple flic) ou Jean-Marie Poiré (Mes meilleurs copains).

Pour cent briques, t’as plus rien maintenant (1976) - © Gallica/BNF
Pour cent briques, t’as plus rien maintenant (1976) - © Gallica/BNF

Didier Kaminka écrit par ailleurs plusieurs pièces de théâtre, dont deux seront adaptées au cinéma avec un vif succès : Viens chez moi, j’habite chez une copine (1975) et Pour cent briques, t’as plus rien maintenant (1976).

Didier Kaminka et Pierre Richard - © Maurice BertonEn 2018, il avait écrit avec Pierre Richard un scénario, et rêvait de retrouver son complice Zidi pour un Sous-doués à l’Elysée, projet hélas inabouti.

 « La comédie, c’est un état d’esprit, c’est de la dérision, c’est une façon de vivre », s’amusait Didier Kaminka. « La vie et la fiction marchent ensemble. Certains auteurs de films racontent leur vie, et d’autres, dont je fais partie, sont là pour prendre du plaisir. De toute ma vie, je n’ai jamais eu l’impression de travailler, jamais. »

par Gilles Botineau, Jérémie Imbert et Stéphane Lerouge

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