« Non seulement Michel Galabru était un acteur génial, pouvant tout jouer, aussi bien la comédie où il excellait (Les gendarmes, Les Ch’tis, ou avec moi, Papy fait de la Résistance – où il était un Papy inoubliable) mais aussi le drame (dans le film de Tavernier, Le Juge et l’Assassin, par exemple, où il était très convaincant, ou encore Uranus, de Claude Berri) ou le polar (Subway, avec Besson) – mais en plus il était, en privé, un des hommes les plus drôles du monde. Qui a dîné ou déjeuné avec Galabru, ne peut pas oublier sa verve, sa cocasserie, son humour phénoménal. Les histoires qu’il inventait ou qu’il enjolivait jusqu’au délire. Quand il tenait son auditoire, il ne le lâchait plus et vous emmenait dans ses délires et ses paradoxes, vous secouant de rire, jusqu’à ce qu’on ait du mal à reprendre sa respiration. On était tous aux anges et tous l’adoraient. D’ailleurs, comme il parlait fort, avec son phrasé si pittoresque, sa diction inimitable et une voix de stentor, même les tables voisines finissaient par se taire et s’intéresser à ce qu’il racontait, et à la fin, c’était tout le restaurant qui pleurait de rire.
Au théâtre, il avait une présence énorme et un sens du public extraordinaire. Là, il était vedette et il en profitait bien.
Au cinéma, c’était merveilleux de l’avoir, car il transformait les seconds rôles en personnages essentiels à l’amusement et au succès.
C’est un des privilèges du cinéma français d’avoir des seconds rôles souvent inoubliables qui font des films des spectacles complets, où il n’y a pas que les rôles des stars (qui vieillissent d’ailleurs souvent plus mal que les petits personnages truculents).
C’est bien triste de savoir que c’est homme-là ne nous fera plus rire qu’au cinéma. »
par Jean-Marie Poiré (en exclusivité pour CineComedies)