Il rendait tout, tout, tout, tout drôle !!!!
Michel Galabru est certainement l’un des acteurs les plus généreux que j’ai eu à rencontrer. Dire généreux, c’est être au dessous de la vérité. Cet homme, qui s’amusait à jouer, donnait tout, enrichissait tout de ses drôleries, de ses finesses, et d’une culture de la comédie immense qu’il dissimulait avec soin sous un charme irrésistible.
Une anecdote résume comme une métaphore la formidable qualité de son jeu et la puissance de son charme. Une anecdote animalière. Dans Celles qu’on n’a pas eues, le cadre du sketch dans lequel nous l’avons fait interpréter le rôle d’un vigoureux chasseur séducteur sans complexes, est une chasse à courre. Michel n’était jamais monté à cheval. Je lui suggère de s’entraîner avant le tournage. Quand je lui demande s’il a suivi mon conseil, il me répond par l’affirmative.
– Quel type de cheval avez-vous monté ?
– Un âne ! me répond-il.
Je ne suis pas certain que l’entraînement allait être suffisant mais il ne s’en inquiète pas. Je préviens néanmoins les chasseurs que c’est non seulement sa première chasse à courre mais aussi sa première sur un cheval. On me dit de ne pas m’inquiéter, qu’on lui donnera un cheval particulièrement docile. Évidemment, une erreur se glisse dans ces belles précautions : c’est le cheval le plus fougueux, le plus nerveux, le plus irritable qui lui est dévolu. Mais il est trop tard pour changer quand on s’en aperçoit.
À la stupéfaction générale, et pendant tout le tournage, jamais ce cheval n’aura été aussi doux, aussi docile, aussi paisible que tenu en mains par ce cavalier très, très débutant. Son secret ?
– Et bien je lui ai parlé gentiment à l’oreille à cette jolie jument. Et j’ai bien vu que ma voix ne lui déplaisait pas. D’ailleurs, on n’a pas arrêté de parler… C’était très instructif ! Ce que l’on a préféré, ce sont les scènes de grand galop. On était comme des enfants !
C’est cet esprit d’enfance, cette joie de bienheureux qui nous euphorisaient et nous faisaient l’aimer simplement, que nous pleurons avec la disparition de Michel Galabru… »
par Pascal Thomas (en exclusivité pour CineComedies)