La Soupe aux choux de Jean Girault de Thibaut Bruttin (Yellow Now)

La Soupe aux choux de Jean Girault par Thibaut Bruttin

31/03/2023 Livres

Ils sont bien rares les ouvrages à décortiquer pleinement – et avec un intérêt sincère – une comédie aussi populaire que La Soupe aux choux de Jean Girault. S’il ne s’agit pas du film le plus illustre de son metteur en scène, ni même celui de ses interprètes (Louis de Funès en tête), il n’en demeure pas moins extrêmement apprécié, notamment par les plus jeunes.

Voilà pourquoi Thibaut Bruttin, historien du cinéma, a choisi de se pencher sur ce célèbre long-métrage et de l’analyser sous forme d’essai, avec tout ce qu’il faut de nuances et de mesure, pour tenter de rétablir dans sa dignité ce qu’il qualifie lui-même de « conte voltairien » : « L’occasion de parler de ce que ce film signifie, de ce qu’il dit sur la France, de ce qu’il représentait pour Louis de Funès » précise-t-il par ailleurs.

La Soupe aux choux de René Fallet (1980)

Dès lors, ce livre publié aux éditions Yellow Now ne se contente pas de nous raconter le long-métrage du côté des coulisses, même si sur 140 pages et des poussières les anecdotes ne manquent pas. Il va beaucoup plus loin, en prenant le temps notamment de s’attarder sur l’auteur véritable de La Soupe aux choux, le tristement oublié René Fallet, tout en analysant avec pertinence l’adaptation qui en a été faite ainsi que sa place dans l’histoire du 7ème Art : « Un film unique dans la filmographie de de Funès, singulier dans le cinéma populaire français et original dans le cinéma en général (…) Plutôt que de rejouer le débat entre la démocratie du public de la télévision et la captation du discours par l’oligarchie critique, revoyons et relisons cette Soupe aux choux, bien à la mode de chez nous. Gageons que si ce récit parle encore, c’est probablement qu’il a quelque chose à dire. » Dont acte.

En complément, l’essai de Thibaut Bruttin se termine par un arrêt sur quelques images tirées du long-métrage, et une interview – surprenante – du député François Ruffin, qui estime que « ce film très grand public porte un message de gauche ! Comme tant d’autres films secrètement. » Le débat est ouvert.

Passionnant et nécessaire, cette monographie ne s’adresse donc pas uniquement aux seuls inconditionnels de La Soupe aux choux de Jean Girault, mais à tous ceux pour qui la Culture dans sa grande largesse mérite d’être considérée et défendue, objectivement et intelligemment.