Jusqu’ici, Jean-Paul Belmondo ne s’était que très rarement livré, que ce soit sur sa vie, ses rencontres, sa famille, ses amours, ses joies, ses peines, ses succès, ses regrets voire ses échecs… D’autres, en revanche, ont su prendre les devants, avec ou sans son accord : Robert Chazal, Philippe Durant, Gilles Durieux, François Guérif… Au final, près d’une vingtaine d’ouvrages, parsemés sur plus de soixante ans de carrière.
Aujourd’hui, dans Mille vies valent mieux qu’une, l’acteur a décidé de raconter « sa vérité », de son enfance, marquée par la guerre, aux quatre cent coups tapissant sa folle existence : les blagues potaches réalisées avec ses copains du Conservatoire – Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Pierre Vernier et consort –, les hôtels mis sens dessus dessous au gré de ses déplacements… et moult autres rigolades perpétrées en toute circonstance.
Outre cela, Bébel s’attarde enfin, et avec une nostalgie réjouissante, sur ses plus grands hits facétieux au cinéma, tels L’Homme de Rio, Les Tribulations d’un Chinois en Chine, Un singe en hiver, 100.000 dollars au soleil, Le Cerveau, L’As des as, ou encore Le Magnifique. Chaque métrage est abordé à la convenance de l’auteur, souvent de différentes façons, permettant ainsi un survol assez large de sa filmographie, et donc de ce qui en fait toute sa richesse : les partenaires de jeu (Jean Gabin, Bourvil, Pierre Mondy, Lino Ventura, Bernard Blier, Pierre Brasseur…), les réalisateurs (Philippe de Broca, Henri Verneuil, Gérard Oury…), les cascades (bel hommage rendu à Gil Delamare), et même certains producteurs (Alexandre Mnouchkine).
En revanche, l’artiste s’avère nettement moins loquace sur ses collaborations pourtant légendaires aux côtés de Georges Lautner et de Michel Audiard : Flic ou voyou, sorti en 1979, puis Le Guignolo l’année suivante. A propos de ce dernier, il n’en tire même que des mécontentements, excepté son succès : « Un scénario très imparfait et une affiche de mauvais goût. » Un peu court.
On regrettera également l’absence de quelques titres, comme par exemple L’Animal de Claude Zidi, L’Incorrigible de Philippe de Broca ou encore Hold-up d’Alexandre Arcady, nullement évoqués. Loin de figurer au panthéon de sa carrière, ces films, plus qu’honorables, auraient tout de même mérité un traitement, aussi relatif soit-il.
Rien non plus sur son célèbre coup de gueule lancé au beau milieu de l’année 1996, lorsqu’il jugea la sortie de Désiré d’après Sacha Guitry parfaitement déplorable, et à raison : vingt salles obtenues sur toute la France, dont six seulement à Paris, face à l’américain Mel Brooks et aux anglais Wallace & Gromit.
Ces mémoires ont beau nous rassasier, la gourmandise nous pousse à en réclamer davantage. Par bonheur, un second ouvrage, Belmondo par Belmondo, composé de photographies rares ou inédites, parachève avec éclat ce témoignage tant attendu d’une des dernières légendes du cinéma français.
Mille vies valent mieux qu’une
de Jean-Paul Belmondo
avec la collaboration de Paul Belmondo
et Sophie Blandinières
(éditions Fayard)
Belmondo par Belmondo
Album de photographies commentées
par Jean-Paul Belmondo
(éditions Fayard)
Parution : 2 novembre 2016
par Gilles Botineau