Né le 16 mars 1926 à Newark (New Jersey, USA), Jerry Lewis nous a quittés dimanche 20 août 2017 à l’âge de 91 ans.
Pierre Richard nous a aussitôt fait part de sa tristesse :
« Je suis abasourdi, consterné.
Les grands comiques ne devraient jamais mourir.
Le rire et la mort sont irréconciliables.
Je pleure un grand clown ! »
Dans son autobiographie Je sais rien, mais je dirai tout parue en 2015, Pierre Richard évoque ses multiples rencontres avec ce maître du burlesque :
« Quand j’allais à l’Olympia voir Jerry Lewis, je n’étais pas connu. J’allais dans les coulisses parce que Danielle, ma femme, était danseuse dans les ballets de René Goliard qui passaient en première partie, donc j’allais la chercher à la sortie.
On savait que j’étais le mari d’une danseuse, et comme ils étaient gentils, ils me laissaient entrer dans cette coulisse réservée aux artistes. J’étais avec mon fils Olivier, qui avait quatre ou cinq ans. J’allais enfin réaliser mon rêve : serrer la main de Jerry Lewis.
Surement qu’il m’aurait dit :
– Vous êtes qui ?
Je lui aurais répondu :
– Un jeune comédien qui vous admire.
Surement qu’il aurait ajouté :
– Vous avez du talent, ça se voit tout de suite. Parlons-en dans ma loge.
Bon, ça ne s’est pas passé comme ça du tout.
À l’entracte, Lewis est sorti de sa loge, s’est cogné à Olivier, l’a pris dans ses bras, et l’a emmené dans sa suite. Moi, figé derrière la porte, j’entendais rire à l’intérieur. À la fin de l’entracte, mon fils est ressorti, arborant un pin’s officiel Jerry Lewis. Le comble, c’est qu’il m’a dit :
– C’est qui ce monsieur ?
Quand Jerry Lewis est revenu à l’Olympia quelques années plus tard, on m’a fait entrer dans sa loge en tant qu’artiste français connu, car j’avais fait Le Grand Blond. À ma grande surprise, il m’a dit qu’il me connaissait car il avait vu mes films. Tandis que les acteurs connus de l’époque venaient le saluer, il m’a glissé : « Ne bougez pas ». Une fois tout le monde dehors, je me suis retrouvé seul avec lui pendant quinze minutes dans sa loge et il m’a dit :
– Je voudrais faire un film avec vous. Revenez me voir, a-t-il ajouté.
Trois jours plus tard, j’y suis retourné avec Jean-Louis Livi et il nous a annoncé :
– Voilà, on va tourner trois films ensemble.
J’avais gagné deux films en deux jours. Je me suis dit : « À ce compte là, on aurait du revenir à la fin de la semaine. »
Deux ans plus tard, je suis allé le voir dans son hôtel près de la Tour Eiffel. Il avait tout un étage rien que pour lui. Manifestement, il était content de me revoir. Moi aussi.
L’année où il a remis un César d’honneur à Louis de Funès, on était content de se retrouver dans les coulisses des César.
En fait, on était toujours content de se revoir, mais il n’y a jamais eu de film. »
par Jérémie Imbert