« La comédie a toujours été considérée comme un art mineur, ne serait-ce que parce que le public aime ça. Je ne sais plus quel critique avait prononcé cette réplique absolument extraordinaire : « si le public a aimé, il est bien le seul ! ». Ça résume assez l’ambiance. »
Michel Blanc, qui vient de nous quitter le 4 octobre 2024 à l’âge de 72 ans.
Acteur, auteur et réalisateur, Michel Blanc incarne, depuis ses débuts avec la troupe du Splendid, une des plus belles signatures du cinéma comique français. Après des apparitions chez Bertrand Tavernier (Que la fête commence, 1975), Roman Polanski (Le Locataire, 1976), Claude Miller (La Meilleure façon de marcher, 1976) et l’avènement des Bronzés aux côtés de ses partenaires Christian Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Marie-Anne Chazel et Bruno Moynot, Michel Blanc multiplie les expériences : il écrit, adapte et expose au grand jour ses talents de dialoguiste hors-pair dans Viens chez moi, j’habite chez une copine, puis passe à la réalisation en 1984 avec Marche à l’ombre. « Un jour, j’ai appelé Patrice Leconte en lui disant que j’avais une idée pour un film, et il m’a répondu que je devais le réaliser. C’était fou, je n’avais jamais fait de réalisation ou d’école de cinéma. Au départ, je pensais que je n’allais pas y arriver, car le travail du réalisateur consiste à soulever des montagnes. J’ai bossé comme un malade pour garantir mes arrières et tout s’est passé divinement. »
Fort d’une première tentative couronnée d’un succès critique et commercial (plus de six millions d’entrées), Michel Blanc prolonge l’exercice de mise en scène avec Grosse fatigue (1994), Embrassez qui vous voudrez (2003) et sa suite Voyez comme on danse, sortie en 2018.
De Bertrand Blier (Tenue de soirée) à Tristan Séguéla (Docteur ?) en passant par Francis Veber (Les Fugitifs), Jean-Pierre Mocky (Une nuit à l’assemblée nationale), Roberto Benigni (Le Monstre), Isabelle Mergault (Je vous trouve très beau), Jean-Paul Rouve (Les Souvenirs) ou Pascal Chaumeil (Un petit boulot), la figure à la fois discrète et populaire de Michel Blanc a su, de génération en génération, séduire tous les publics, régulant la moindre de ses apparitions au travers de choix mûrement réfléchis – avec ou sans moustache.
Invité d’honneur du Festival CineComedies en 2019, il avait d’ailleurs tenu à ne pas apparaître sur l’affiche avec sa moustache de Jean-Claude Dusse mais avec son apparence du moment, lunettes sur le nez et petit bouc naissant, comme pour mieux affirmer que le personnage qu’il avait créé dans la trilogie des Bronzés ne devait pas masquer sa riche carrière de comédien, de scénariste-dialoguiste et de réalisateur. « Mon rêve, expliquait Michel Blanc, c’est de surprendre les gens, et qu’ils aiment ça ». Cela faisait plus de cinquante ans qu’il y parvenait avec brio.
par Gilles Botineau et Jérémie Imbert