Né à Edmonton au Canada le 22 novembre 1923, le cinéaste Arthur Hiller vient de nous quitter le 17 août 2016 à l’âge de 92 ans.
Il est notamment connu pour avoir réalisé le classique du mélodrame Love Story, qui lui a valu un Golden Globe et une nomination aux Oscars, le film remportant par ailleurs plusieurs statuettes : meilleur film, meilleur acteur pour Ryan O’Neal, meilleure actrice pour Ali MacGraw, et meilleure musique. Sorti en France en mars 1971, le film a marqué toute une génération, de même que sa bande originale signée Francis Lai, compositeur fétiche de Claude Lelouch. C’est néanmoins avec la comédie qu’il a apporté une touche de fraîcheur et de folie à travers plusieurs films assez mémorables.
En 1963, après une période de presque dix années de réalisations pour la télévision, il réalise sa première comédie pour le grand écran, Lits séparés (The Wheeler Dealers) avec Lee Remick et James Garner. L’année suivante, il met en scène Les jeux de l’amour et de la guerre (The Americanization of Emily), un classique de la comédie de guerre avec James Garner et Julie Andrews que William Wyler devait initialement réaliser. Le film, dont l’action se déroule en 1944, ne présente que des officiers corrompus, noceurs, lâches, incompétents ou en proie à de véritables crises de démence. Incontournable.
Après une comédie romantique avec Warren Beatty et Leslie Caron (Promise Her Anything, 1965), une comédie policière avec Natalie Wood (Les Plaisirs de Pénélope, 1966), et deux autres comédies en 1967 (The Tiger Makes Out) et 1969 (Popi), Hiller réalise Escapade à New York (The Out of Towners, 1970), un autre classique de la comédie américaine avec Jack Lemmon et Sandy Dennis, qui aura droit à un remake vingt-neuf ans plus tard avec Steve Martin et Goldie Hawn : The Out-of-Towners. Le film est écrit par le célèbre scénariste et dramaturge new-yorkais Neil Simon, qui signe Plaza Suite l’année suivante, à nouveau mis en scène par Arthur Hiller, avec Walter Matthau. Les deux hommes se retrouveront en 1984 pour The Lonely Guy avec Steve Martin et Charles Grodin.
En 1971, Hiller s’attaque avec férocité au monde médical dans L’hôpital (The Hospital) avec George C. Scott et Diana Rigg. Après une comédie dramatique post guerre du Vietnam (The Crazy World of Julius Vrooder, 1974), il signe en 1976 la comédie débridée Transamerica express (Silver Streak) avec le duo savoureux Gene Wilder/Richard Pryor, et dont le scénario est inspiré de La Course à l’échalote (1975) de Claude Zidi avec Pierre Richard et Jane Birkin.
Suivent dans un registre similaire Ne tirez pas sur le dentiste (The In-Laws, 1979) avec Peter Falk et Alan Arkin, La fille sur la banquette arrière (Romantic Comedy, 1983) avec Dudley Moore et Mary Steenburgen, Ras les profs ! (Teachers, 1984) avec Nick Nolte, ou encore Une chance pas croyable ! (Outrageous Fortune, 1987) avec le tandem féminin Shelley Long et Bette Midler.
En 1989, Arthur Hiller retrouve son duo fétiche Gene Wilder/Richard Pryor (incarnant respectivement un sourd très calme et un aveugle grande gueule !) pour la comédie policière Pas nous ! Pas nous ! (See No Evil, Hear No Evil). Les années 1990 sont moins souriantes pour le réalisateur qui signe des comédies mineures, jusqu’au ratage de An Allan Smithee film (1997), où il tente une farce filmique sur le réalisateur « fantôme » Alan Smithee, pseudonyme utilisé aux Etats-Unis par les réalisateurs dégoutés ou mécontents de leur film. En toute logique et au vu du résultat, Arthur Hiller lui-même utilise ce pseudo pour signer le film. La boucle est donc bouclée.
Cinéaste prolifique, Arthur Hiller a également dirigé le syndicat des réalisateurs de l’industrie américaine du cinéma (Directors Guild of America) de 1989 à 1993 avant de devenir le président de l’Académie des Oscars (Academy of Motion Picture Arts and Sciences) de 1993 à 1997. « Militant infatigable pour les droits de la création et défenseur passionné de la préservation du film » selon les mots de l’actuel président de la Directors Guild of America, Paris Barclay, Arthur Hiller a mis en scène au final plus d’une trentaine de films, dans tous les styles, avec un goût prononcé pour la comédie.
par Jérémie Imbert