L’été 1980, Claude Zidi et Coluche se rendent à Bréançon, petit village du Vexin Français, pour les besoins du film Inspecteur la Bavure. L’une des scènes se déroule devant l’ancienne gare de la ligne de chemin de fer Valmondois-Marines, aujourd’hui sur la RD64.
Nous sommes censés être le 25 juillet 1957 et le père de Coluche (interprété par Coluche lui-même), s’avance avec courage et audace, un haut-parleur à la main, pour tenter d’arrêter Pierrot le Fou (Henri Lambert), un dangereux malfaiteur muni d’un fusil, se trouvant à la fenêtre du premier étage. Il se prend une rafale de balles mais arrêtera tout de même l’ennemi juste avant de mourir.
« Pour filmer ces quelques plans en noir et blanc, se souvient le loueur de voitures Germain Tison, Claude Zidi avait besoin d’une dizaine d’automobiles des années 50 afin de les utiliser comme voitures de police. Ma société de location se trouvait à Cormeilles-en-Parisis et nous les avons toutes accrochées entre elles et les avons amenées ainsi, en file indienne, jusqu’à Bréançon. Vous imaginez la tronche des automobilistes qui nous croisaient ! »
Pour ce film, Germain Tison a mis au point une voiture sans chauffeur. « Un jour, je suis tombé sur un barrage de police et je conduisais à la droite du véhicule, à hauteur du trottoir. Il a fallu que j’emmène les policiers avec moi sur le tournage car ils ne voulaient pas me croire que je bossais pour Coluche et Claude Zidi. J’ai failli me prendre une sacrée prune. Pour un autre film, je me suis aussi retrouvé en panne sur l’autoroute à bord d’un char… Les risques du métier ! »
L’ancien maire du village, Fernand Desouilles (ci-dessous, barbu et lunettes fumées), était là pour immortaliser l’événement avec son petit appareil photo. « Coluche était quelqu’un de vraiment charmant et très disponible, racontait-il. L’équipe est restée environ une semaine. Je me souviens qu’ils utilisaient un vieux camion de CRS et que celui-ci restait chez moi, le soir, à la ferme. »
Trente-quatre ans après, l’ancienne gare est toujours là, elle n’a pas changée. Du linge sèche aux fenêtres, on est loin de l’agitation qui secoua pendant quelques jours la douce quiétude du Vexin. Les photos au charme suranné prises par l’ancien maire, qui depuis a rejoint Coluche au paradis, nous transportent aujourd’hui dans une époque révolue.
par Patrick Glâtre
(Photos : Fernand Desouilles – D.R.)